Marcel CARRIERES

 

Notice rédigée par Michel Baudat

 

 

Marcel Carrières fut reçu à l'Académie d'Arles le 7 février 1971, il eut pour marraine Mme Van Migom et il succéda au siège de Gabriel Vian. Il fut aussi membre de l'Institut d'Etudes Occitanes de Toulouse, ville où il naquit le 7 juillet 1911.

Après des études classiques au lycée Lakanal il entra à la faculté de droit et devint, en 1931, surnuméraire de l'Enregistrement, avant de gravir régulièrement les échelons de l'Administration.

Partout où il fut muté il s'attacha aux sources profondes du folklore local, aux racines de l'esprit populaire et aux origines historiques des légendes. En Alsace, où il resta dix ans, il édita sa suite : « L'Hôtel du Bœuf », suivi d'une « Histoire de Lauterbourg » à ce jour inédite. En Lorraine, il dirigea la revue « Panorama-Schlossberg » à laquelle il donna une orientation régionaliste en s'inspirant de l'enseignement de Frédéric Mistral. Son intérêt pour les activités de jeunesse l'incita à écrire diverses poésies dont certaines furent mises en musique par Auguste Rohr, directeur des Petits Chanteurs Lorrains, de Freyming, et enregistrées sur disque. Il participa également au Mouvement Européen et au Cercle Littéraire de Forbach.

Cependant, grâce à son ascension administrative, il vint à Arles où il exerça la fonction de Receveur principal des impôts à partir de 1968.

 

Trois fois lauréat de l'Académie des Jeux Floraux de Toulouse, prix de Camargue de poésie, collaborateur de plusieurs revues françaises et étrangères traitant des secrets de la langue romane, c'est en Provence que s'épanouit son œuvre. Il y réserva une place de choix dans son remarquable ouvrage « Folklore et traditions du Midi de la France » dans lequel rondeaux et comptines sont autant de signes par quoi le geste redevient esprit.

 

Mais son principal objectif fut l'étude du Roman Occitan et Catalan, d'une anthologie des Poètes Languedociens du XVIIe siècle. Il consacra sa vie à l'Occitanie et célébrait avec « estranbord » les poètes provençaux disparus dont il partageait et maîtrisait la  langue, bien qu'il en contestait la graphie.

Il publia de nombreux ouvrages sur ce sujet, comme ses « pages choisies des écrivains  languedociens » qui fut son premier ouvrage, publié en 1946. Il consacra aussi plusieurs ouvrages à Frédéric Mistral : « Le fédéralisme de Frédéric Mistral », « Frédéric Mistral et les Bonaparte », « Frédéric Mistral et le Museon Arlaten », et « une lettre de Frédéric Mistral ». Il publia aussi, lié au territoire d’Arles, « Silhouettes arlésiennes : la Camargo » en 1974.

 

Son deuxième centre d'intérêt fut pour la musique des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles qui le conduisit à étudier des artistes locaux bien souvent délaissés et oubliés  : « La musique Occitane de 1550 à 1800 » publié en 1972, « Anthologie de la chanson occitane, chansons populaires des pays en langue d’Oc » en 1975, « Un arlésien peu connu : Jean Clavis », et « Chants et danses de marins et mariniers d’Occitanie » en 1982, qui fut son dernier ouvrage et qui témoigne aussi de son autre passion pour les choses de la mer ; hommage aussi rendu à son fils, officier radio, assassiné aux Philippines.

 

Cet autre centre d’intérêt pour la mer se perçoit aussi à travers plusieurs publications : « Un navigateur arlésien : Barras de la Pennes », et « Lorsque Arles était port de mer ».

 

Il s'intéressa aussi a de nombreux sujets touchant l'ethnologie et la religion : « Commentaires littéral sur les proverbes de Salomon, inséré dans la traduction française avec le texte latin dans la marge par le R.P. de Carrières », « Les Saintes et les saintois au XIXe siècle », « La vie quotidienne à Arles au temps de saint Césaire »…

Peu avant sa disparition il avait entrepris avec Jean Boyer une biographie sur le peintre camarguais d'origine russe Pranishnikoff.

 

Toujours dévoué il ne refusait jamais le service demandé, laissant toujours l'impression de vous être redevable.

 

Charles Camproux, dans sa préface à la Foire de Beaucaire, disait de lui : « son constant souci est de développer le sens de l'humain, de faire par ce moyen, acquérir une culture humaniste ». C'est ce trait qui, à mon sens, est sa qualité première et qui m'a incliné à accepter son siège. A une époque où l'on existe que spécifiquement, il me semble important de remettre l'accent sur ces valeurs humanistes, tant au sens que ce mot pouvait recouvrir à la Renaissance d'une pluridisciplinarité permettant l'approche de la connaissance de l'homme, qu'au sens philosophique de la valeur et de l'épanouissement de la personne humaine.

 

Marcel Carrières