Maître Pierre FASSIN

 

Notice rédigée par Christophe Gonzalès

 

 

Né à Arles le 10 juillet 1912, Pierre Fassin devient avocat, le neuvième sous ce nom depuis le xviie siècle, profession qu’il exerce dans la maison de famille sise au numéro 18 de la Place de la République. Lieutenant de réserve, il est fait prisonnier le 9 juin 1940 avec la colonne qu’il commande. Il sera interné en Allemagne pendant presque cinq ans. L’une de ses cartes-lettres, expédiée depuis son oflag, montre combien le lien à la culture locale lui permet de mieux endurer sa captivité. Non seulement il reçoit la Revue d’Arles, bulletin de l’Académie régionale d’Arles, dès 1941, mais, l’année suivante, il demande à sa tante Marthe, l’une des responsables de l’Escolo mistralenco, de lui faire parvenir les explications des pas de quelques danses provençales afin de les faire présenter par un « groupement provençal » créé dans le camp. Rapatrié en avril 1945, il raconte, cinq mois plus tard, ses impressions de captivité et de son retour lors d’une séance de l’Académie. Il en devient membre cette même année et il est élu président le 6 mars 1949, succédant à Me Raphaël Richard.

Ses nombreuses conférences publiques portent aussi bien sur l’histoire de l’imprimerie et de la bibliothèque municipale, au mois d’avril 1948, que sur les événements révolutionnaires à Arles, la première sur ce sujet se déroulant le 17 octobre 1948. Ce groupe de causeries historiques se fonde sur les études et sur les archives d’Émile Fassin, dont il est le petit-fils. Il présente aussi une conférence, en 1962, sur les curiosités judiciaires à Arles au XVIIIe siècle, dont la matière repose sur un recueil de plaidoiries de son ancêtre Guillaume (1677-1748).

Bien entendu, c’est l’ensemble du pays d’Arles qui pique sa curiosité, comme en témoigne une intervention sur la Camargue, en 1954, devant les Excursionnistes marseillais, où il prévoit que « devenue une terre de brassage de populations », elle serait « appelée à perdre de son curieux caractère ». Plus tard, en 1960, lors d’une causerie illustrée de projections et intitulée « les merveilles du pays d’Arles », il passe en revue les œuvres d’artistes inconnus, qui, aux temps antiques, avaient dans cette contrée des ateliers de sarcophages dignes de la Rome impériale, et celles des sculpteurs qui, au Moyen Âge, parèrent Saint-Trophime de ses « immortels statues et chapiteaux ». Il évoque aussi le « chef-d’œuvre » que constitue Montmajour, les ensembles architecturaux arlésiens du xviie siècle, aussi bien que le costume arlésien ou le pèlerinage gitan aux Saintes-Maries-de-la-Mer, et quelques autres merveilles encore…

Grand voyageur et passionné de photographie, Pierre Fassin propose, dans le cadre de l’Académie comme dans celui du Rotary International, des conférences touristiques illustrées de diapositives, la première, dès 1949, portant sur la Grèce. Suivent des projections commentées sur le Portugal, les Canaries, Tipasa, en Algérie, Pétra, en Jordanie, ou encore Palmyre.

Pierre Fassin quitte la présidence de l’Académie en 1965 et s’il prend du recul, il n’arrête pas son activité : on l’entend de nouveau sur la Révolution en 1979, dans le cadre cette fois des Amis du Vieil Arles dont il est alors devenu le président d’honneur - son grand-père Émile en avait été vice-président au début du XXe siècle. Mainteneur du Félibrige, fait chevalier de l’ordre du Mérite social en1961, il est nommé conciliateur de justice pour l’arrondissement d’Arles, de 1978 à 1980.

Enfin, il remet ses archives à la médiathèque d’Arles et rédige une plaquette sur l’histoire de sa famille. Il s’éteint à quatre-vingt-dix-neuf ans, en octobre 2011. La ville donne son nom, accompagné de celui d’Henri Cérésola, à l’amphithéâtre de l’espace Van Gogh.

Pierre Fassin