Charles Galtier

 

 

Notice rédigée par Marc Heijmans

 

 

 

Majoral du Félibrige, Charles Galtier est né en 1913 à Eygalières. Son père, maréchal-ferrant, mort en 1918, a laissé dans le village le souvenir des farces et des comédies qu'il imaginait. Sa mère, fille de charron, disait souvent, lors des veillées, de vieux contes du folklore provençal. Galtier est devenu instituteur et professeur de cours agricole, à Saint-Rémy puis dans son village natal, qu’il ne devrait plus quitter. C’est là qu’il accompli une brillante carrière et produisit une œuvre littéraire abondante, tant en Français qu’en Provençal, dont il était un amoureux et admirable connaisseur.

Il a mené, au cours d’une vie longue et bien remplie, des actions aux multiples facettes :

 

 

Le poète :

Dès 1946, son œuvre est assez importante pour obtenir le premier prix Mistral, que venait de créer le Comité du Muséon Arlaten

            « La Dicho doù Caraco » (Le chemin du Bohémien)

            « Dire Nihoi per le Nineïo » (Naïvité pour les enfants ?)

            « Li quatre Sèt » (Carré de sept) qui était une pièce de théâtre

 

Dès 1949, Galthier publie son premier recueil de poèmes sous le titre « Lou creires-ti » (Le croiriez-vous ?) Dans cet ouvrage, il se montre un parfait héritier d’un monde rural « relique », façonné depuis la préhistoire par des milliers de générations de culture et de croyances ancestrales. Galtier vie en parfaite communion avec la nature de son temps et aussi avec les forces obscures de ce monde souterrain. Il plonge dans une réalité naturelle, faite de « bouts de nature » et de « bouts d’humain » Il est le poète de l’expérience de la vie quotidienne qu’il a le don, par quelques tours de mots, de sublimer dans une médiation souvent interrogative et toujours discrète, fugace mais dense, sur le temps, la vie et la mort et qui, souvent, prend la forme d‘une comptine pour s’achever, parfois, en humble morale populaire, si bien que la poésie de Galtier, d’abord imitée à lui, s’élève à une valeur universelle. Charles Galtier identifie son oeuvre d'écrivain, comme le dit le titre d'un de ses recueils, aux ailes de l'oiseau et aux racines de l'arbre. Il dit sa poésie avec l'accueil de la tendresse, le clin d'oeil de l'anticonformisme, le souffle de la liberté. C’est l’être et le non-être, la vie et la mort, le destin que cette poésie interroge jusqu’au moment où dans « les Sèt Saune de la Sereneta » (Sept psaumes de la sérénité ; 1970) le poète parvient à une sorte de paix, qui n’est pas à vrai dire véritable mais son approche.

Citons parmi les poèmes importants :

« Dins l’espero dou vent » (dans l’attente du vent ; 1965)

« Nous n’irons pas à Compostelle » ; 1965

« Buccoliques Bassenques », 1954, avec 60 bois gravés de Louis Jou

 

 

Le prosateur :

Galtier était également un merveilleux conteur, et cela dans les deux langues. Ses principales œuvres sont :

« L’erbe de la routo » 1953 ; comptes volontiers habités d’une pensée philosophique

« La pierre étoilée » 1955

« Tres conte des calendo » (contes de Noël ; 1964)

« conte des Aupoho, de Crau et de Camargo » (1970)

« Le chemin d’Arles », Roman Gallimard 1955

« S’il reste encore un pas », 1969, prix de l’Académie française

 

 

Le dramaturge :

Galtier a également composé un certain nombre de pièces en un acte, charmantes mais limitées.

En revanche, « Carré de Sept », est un drame dont le destin est le principal personnage. Il triche aux cartes, il gagne, même quand il donne leur change à ses partenaires, parce qu’il ne peut pas échapper lui non plus à son propre destin qui est de gagner. C’est le fatum antique ; une des meilleures pièces du théâtre provençal moderne, joué au théâtre des Champs Elysées.

 

 

L’homme de radio :

Journaliste dans un hebdomadaire marseillais « les nouvelles affiches », il a beaucoup écrit pour la radio :

« le dernier mot » ; 1959

« la croisière fantastique » ; 1961

« la pastorale de deux vieux » 1967

 

Le prince et la nouvelle ; élu en 1971 par les lecteurs du Club de l’amitié par le livre

« le Nid de Calao ; 1981, grand prix littéraire de Provence 1980

 

 

L’ethnologue :

La rencontre avec Georges-Henri Rivière, fondateur du musée des Arts et traditions populaires à Paris, va lancer Charles Galtier dans l’ethnographie. Déjà en 1952, Galtier a publié, à la demande de Fernand Benoit, un précieux ouvrage sur les « trésors des jeux provençaux ».

En 1958, Galthier, alors chargé de mission des Musées de France, prépare avec Rouquette, alors administrateur du Muséon Arlatan, sous la direction de GH Rivière, l’exposition du centenaire de Mireille, en 1959 à Paris au Palais de Chaillot. Par la suite, Rivière fait entrer Galthier au CNRS.

La collaboration aux activités du Muséon Arlaten, où JMR faisait partie du comité, se poursuit en 1963 pour l’exposition sur « le gardien et le cheval camarguais, dont Galtier avait écrit le catalogue et en 1977, un catalogue bilingue, illustré du Muséon Arlaten « La Provence et Frédéric Mistral au Muséon Arlatan », dont l’édition est épuisée en quelques mois.

En même temps, Galthier  soutient, en 1968 à l’université de Montpellier, une remarquable thèse de IIIe cycle de sociologie sur Vallabrègues, un village de vanniers, publié en 1980.

Toujours au CNRS, il multiplie les études provençales, sur le « bestiaire » (2001) et le « saints guérisseurs » (1990) ou son ouvrage posthume « les oiseaux de Provence dans le savoir populaire »

A la mort du neveu de F. Mistral, il devint en 1970 conservateur du Musée Mistral de Maillane, fonction bénévole qu’il a assumée pendant 29 ans ; en cette qualité, il publie en 1997 un joli petit catalogue du Musée.

 

A cause de ses multiples activités, Galtier a reçu plusieurs distinctions ;

Chevalier du mérite agricole, chevalier des Arts et Lettres, chevalier des palmes académique, et en 1991 il devient Chevalier de la Légion d'honneur et il a été décoré par J.-M. Rouquette.

 

Galtier s’est éteint au mois de janvier 2004, à l’âge de 90 ans.

Charles Galtier