Quoique éphémères, ces réunions avaient éveillé le goût des
plaisirs de l'esprit parmi les membres de la noblesse
arlésienne.
Vers
1659, quelques amis liés par une même passion poétique avaient l'habitude
de se réunir régulièrement tous les lundis "pour jouir du commerce des
muses". Leur démarche était exempte de toute vanité
littéraire au point qu'ils s'intitulaient eux-mêmes "les Anomynes".
Les
troubles de la Fronde dispersèrent cette petite société qui constitua
pourtant la préfiguration de l'Académie royale
d'Arles.
Le 20
avril 1666, huit anciens membres des Anonymes (François d'Eyguières,
seigneur de Gageron et de Méjanes, René de Barrême, docteur en théologie,
Henri de Boche, marquis de Vers, Michel Bouvet, seigneur du Val, Joseph de
Cays, seigneur de la Fossette, Jean Griffon, médecin, Gaspard de Romieu,
chevalier de Malte et Jean de Sabatier de l'Armellière) décidèrent de
ressuciter la société et rédigèrent des statuts.
L'Académie se donna pour blason le lion d'Arles portant dans un
cartouche "ACADEMIA ARELATENSIS" et prit pour devise "LAETABOR GENUISSE
PARES" (je me réjouirai d'en avoir engendré de pareils) symblolisé par un
lion entouré de lionceaux.
Les
statuts, votés le 3 janvier 1667 stipulèrent que la compagnie sera formée
de "vingt personnes d'élite et de véritables amis".
Grâce
à l'intervention du duc de Saint-Aignan, frappé par la richesse culturelle
arlésienne, l'Académie d'Arles obtient du Roi, le 1er septembre
1668, les premières lettres patentes attribuées à une académie de
province.
Le
premier juillet 1669 la lecture publique en fut faite au cours d'une
séance solennelle tenue dans la chapelle des Pénitents Gris; ce fut le
triomphe de l'Académie d'Arles.
Le 30
janvier 1670, elle fut la première académie de province à recevoir
l'affiliation de l'Académie française.
En
1677, le nombre de ses membres fut porté de vingt à
trente, élus à la majorité et non plus à l'unanimité des
suffrages.
Voir
l'Académie d'Arles au XVIIe siècle d'après des documents
originaux par l'abbé A.-J. Rance