Fernand Benoit

Notice rédigée par Bruno Matéos

 

Fernand Benoit naît à Avignon en 1891. Après des études brillantes dans sa ville natale puis au collège Stanislas de Paris, il est reçu major à l’École des Chartes en 1914. Son sujet de thèse en 1921, La Provence au temps de Raimond-Bérenger V, traduit un attachement viscéral à la Provence qui allait le conduire à décliner les propositions les plus flatteuses. C’est ainsi qu’après un passage à la Villa Médicis, il arrive à Arles le 1 janvier 1925 pour assumer les fonctions de bibliothécaire-archiviste de la ville. Poste assez modeste mais qui va révéler au jeune Benoit, d’abord par la documentation dont il est responsable puis par la fouille archéologique, la richesse patrimoniale du terroir d’Arles. Après un court passage au Maroc qui lui permet d’élargir sa connaissance de la civilisation antique, il regagne Arles où, grâce à ses compétences et à l’intérêt que lui porte Jérôme Carcopino, il vient d’être nommé conservateur adjoint des musées de la ville. Dans cette nouvelle fonction qui se rajoute à la précédente et qui sera plénière quelques années après, il va s’inscrire dans la lignée de ses prédécesseurs, notamment Pierre Véran, pour protéger, mettre en valeur et étudier le patrimoine antique d’Arles. C’est ainsi qu’il va se passionner pour les sarcophages paléochrétiens auxquels il consacrera une étude magistrale.

L’intérêt pour les traditions populaires s’était déjà révélé à Fernand Benoit lors de son séjour en terre africaine. Il va pleinement s’épanouir dans sa nouvelle mission de conservateur du Museon Arlaten à partir de 1934. Dans la fidélité à la pensée mistralienne mais avec les préoccupations muséographiques de son temps, Benoit va créer de nouvelles salles et mettra à profit ce moment pour réaliser en parallèle des recherches ethnographiques qui aboutiront en 1949 à la publication de La Provence et le Comtat Venaissin, véritable somme sur le sujet.

Ces préoccupations folkloriques et ethnographiques vont trouver très vite un terreau favorable à leur expression dans la Révolution nationale de l’État français. Les liens qui unissent le sous-préfet d’Arles, Jean des Vallières, et Fernand Benoit conduisent à la « renaissance » en 1941 de l’Académie d’Arles désormais qualifiée de « régionale ». Fondateur et président, Fernand Benoit va attacher son nom à la vitalité de cette institution dont l’organe largement diffusé sera la Revue d’Arles. Cette publication sera portée à bout de bras avec ténacité par Benoit malgré les obstacles multiples imposés par la guerre : censure, autorisations de tous ordres, pénurie de papier et d’électricité pour les imprimeurs, d’essence pour les conférenciers… Travailleur infatigable jusqu’aux heures les plus tardives de la nuit, Fernand Benoit collaborera personnellement à l’alimentation de la revue par de nombreuses contributions signées de son nom ou sous le pseudonyme  de « Maître Gervais de Tilbury », le célèbre Maréchal de la cour impériale du Royaume d'Arles au XIIIe siècle qui avait fustigé cette inconstance des Arlésiens dont Fernand Benoit va faire l’amère expérience.

Alors qu’il était devenu en 1942 directeur de la circonscription archéologique de la région de Provence où il avait pressenti l’intérêt majeur des fouilles sous-marines, il est révoqué en septembre 1944 et doit quitter Arles. Sa carrière ne sera toutefois pas brisée et c’est à la conservation du Musée Borély de Marseille et à la direction de la région Provence-Corse qu’il donnera la pleine mesure de ses compétences jusqu’en 1966. Parallèlement à ses missions multiples liées à la conservation, Fernand Benoit conduisit de nombreuses fouilles : Cryptoportiques d’Arles, meunerie de Barbegal, Entremont d’Aix, St Victor de Marseille, Cimiez… Une trentaine d’ouvrages vinrent livrer au public la profondeur de ses analyses. Ses mérites furent reconnus après la période de « purgatoire » et les distinctions les saluèrent : Légion d’honneur, Académie de Marseille, Académie d’Aix, réception à l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1958. Les dernières années de sa vie furent marquées par les épreuves familiales et c’est à Avignon qu’il mourut le 2 avril 1969, léguant à sa ville natale ses archives personnelles.

Fernand Benoit